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Le blog de Jean Roche - BETEN International

Ukraine : Une ferme de 8 000 ha entièrement bio

16 Mai 2011, 11:17am

Publié par jeanroche

Auteur : Mathilde Goanec

Publication : le 3/09/2010, La France Agricole

 

En l’absence de filière dédiée, c’est par conviction personnelle que Semion Antoniets produit tout bio depuis trente-deux ans.

« Cette exploitation est un exemple unique en Ukraine mais aussi dans toute l’Europe. Ici, pendant trente-deux ans, on a cultivé la terre sans utiliser un Photo-CRIMEE-LAVANDE-BIO-Mai-2004-023.jpggramme de chimie ! » Anatoly Moskalenko, directeur de l’Institut agraire de microbiologie d’Ukraine, n’en revient pas : la terre qu’il touche est molle, encore humide malgré les hautes températures continues de cette été. Nous somme près de Poltava, à trois heures de la capitale, sur les terres de Semion Antoniets. En 1978, ce directeur respecté de kolkhoze s’inquiète des maladies que contractent ses ouvriers à la suite des manipulations d’engrais chimiques. « Je me suis donné un seul but : protéger la santé des gens, raconte-t-il. Mais à cette époque on avait un plan sévère. Il y avait des chiffres à remplir. Et on l’a fait.

A l’indépendance de l’Ukraine, il ne renonce pas à son credo : Agroékologia, son exploitation, s’étend aujourd’hui sur 8 000ha et est 100% biologique. Les céréales et oléagineux (blé, orge, avoine, maïs, tournesol…) servent surtout à nourrir le bétail, 5 070 têtes dont 1880 vaches laitières et 800 cochons. Une production qu’il vend au même prix que ses voisins pratiquant l’agriculture conventionnelle.

Du bio « logique »

Agronome réputé, Antoniets continue d’appliquer des méthodes qu’il qualifie de « logiques ». Avec, en premier lieu, une mise en jachère tous les quatre ans des terres, sur lesquelles il cultive uniquement des plantes fixant l’azote du sol. « Ce que l’on peut faire sur de petites surfaces, on ne peut pas le faire en grand… Mais pour faire du bio, il faut avoir sur son exploitation du bétail, pour que les animaux produisent du fumier. Et travailler doucement la terre, ne pas labourer. Peu reconnu chez lui, Semion Antoniets a été remarqué à l’international par la réalisatrice Coline Serreau, qui en a fait l’un des héros de son film Solutions locales pour un désordre global

2007-Coccinnelle-ukrainienne.JPG Jean Roche, directeur de la société de conseil et d’études Beten, basé en Ukraine, a joué les intermédiaires. Il n’en revient toujours pas d’avoir rencontré cet agriculteur hors norme : « Nous avons mis plus d’un an à le trouver ! Nous étions convaincus qu’il faisait du bio, mais personne ne l’avait jamais prouvé, donc nous avons fait venir l’organisme Ecocert. Une ferme bio de cette taille, ils n’en avaient jamais vu… La partie végétale a été certifiée mais aussi la partie animale, parce qu’il y a un cercle vertueux entre alimentation animale et humaine. C’est ça le secret ».

**

Il n’y a toujours pas de loi sur l’agriculture bio, qui reste marginale à la production comme à la vente. L’association des fermiers biologiques suisses a pourtant réussi à créer une filière de certification locale. Il y aurait près de 200 000 ha cultivés en bio dans le pays. Le potentiel est immense : nombre de terres, cultivées avec force intrants sous l’URSS, ont été abandonnées faute de moyens, et ont ainsi pu se régénérer.   

 

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