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Le blog de Jean Roche - BETEN International

Ukraine : un domaine de 8 000 ha en agriculture biologique

16 Mai 2011, 11:20am

Publié par jeanroche

Auteur : n.c.

Publication : mai 2009, Agriculture, Alimentation et Espaces Ruraux. Mensuel d’informations du Conseil général de l’agriculture, de l’alimentation et des espaces ruraux

 

Le domaine d’agriculture biologique de Mirgorod (province de Poltava en Ukraine) est une ferme de statut privé de 8 000 ha ; elle compte 4 000 bovins dont 1 500 vaches laitières qui, en moyenne annuelle, produisent 6 000 litres sans aucun achat de concentrés. Depuis maintenant 30 ans aucun véritable labour n’y est pratiqué (dans le cadre d’un programme expérimental sous l’égide des autorités soviétiques d’alors, qui explique l’existence d’archives exceptionnellement documentées). De même, plus aucun pesticide de synthèse n’y est utilisé depuis 25 ans ni aucun engrais chimique depuis 11ans.

La méthode suivie consiste à insérer dans la rotation une jachère travaillée (15 à 20 % de la surface) afin de faire disparaître progressivement les semences des mauvaises herbes. Pour Semion Saviridovitch Antonets, directeur de la ferme et membre de l’académie d’agriculture d’Ukraine, le meilleur procédé à retenir pour produire « biologique », consiste à ne travailler le sol que superficiellement, soit la profondeur d’un semis de tournesol. Il reconnaît que les agriculteurs de la région sont favorisés car il leur est possible de conserver durablement la fertilité des sols. Il raille les commentaires sur les étiquettes des emballages de pesticides affirmant que les matières actives qu’ils contiennent sont sans danger pour la santé humaine. Heureusement, selon lui, on peut se passer de tous ces pesticides.

La visite de terrain a concerné une parcelle de maïs et une de blé.

Le blé se présente, fin mai, dans un excellent état végétatif malgré une très longue période de sécheresse ; aucun labour profond n’a été pratiqué ici depuis 30 ans. Quant au maïs, la levée est assez régulière et les adventices sont au stade de plantules grâce à une façon culturale très superficielle d’après semis. Il est précisé, d’une part, que le maïs étouffera progressivement les mauvaises herbes et, d’autre part, qu’un équilibre s’établit entre la plante cultivée et les ravageurs (à défaut, la culture est retournée).

Pour ces deux parcelles visitées, la rotation indiquée sur sept ans est la suivante : luzerne-luzerne-luzerne (avec dernière coupe enfouie)-blé-maïs-orge-maïs.

En conclusion, les responsables de cette exploitation ont de façon pragmatique et progressive mis en place, il y a quelques dizaines d’années, des méthodes de culture qui respectent ce que sont aujourd’hui les normes de « l’agriculture biologique », avec des résultats techniques qui ne sont pas sans étonner les visiteurs français du Conseil général.

Les excellentes relations entretenues avec M. Antonets, ainsi qu’avec Jean-Jacques Hervé, conseiller français auprès du gouvernement ukrainien ouvrent la possibilité aux étudiants de nos écoles agronomiques d’aller y faire des stages.

L’avis d’ÉCOCERT

Pierre BERS, représentant français d’ÉCOCERT au titre d’auditeur interne, a constaté que toutes les règles régissant l’agriculture biologique étaient respectées sur cette ferme depuis longtemps. Tous les registres qu’il a consultés le confirment à 100 %, pour la totalité des 8 000 ha. Les conditions d’hygiène et l’état sanitaire des troupeaux lui paraissant de bon niveau, le lait pourra donc être proposé à la certification.

Témoignage

Jean Roche dirige un bureau d’études international qui réalise la construction d’usines en Ukraine, notamment dans le secteur des industries agroalimentaires. Ce Français est présent en Ukraine depuis 15 ans. Il explique sa présence sur la ferme de Mirgorodpar le fait qu’il s’intéresse avec les industriels de la région de Grasse(Alpes-Maritimes – France) aux plantes aromatiques et a relevé que80 % de la production des plantes aromatiques de l’ex-URSS provenaient du sud de l’Ukraine. Il envisage donc la construction d’une usine de conditionnement des plantes aromatiques en souhaitant vivement que son fonctionnement repose sur une filière organisée de l’amont jusqu’à l’aval. Il espère se positionner sur le marché intérieur ukrainien mais aussi exporter. M. Roche se dit aussi motivé par la valorisation de lait labellisé « biologique » dans la fabrication de produits élaborés.

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